mercredi 1 juillet 2009

Performance


Un mot de passe
Pour pouvoir parler avec les étoiles.



Est-ce que vous savez tout sur moi ?
Connaissez-vous le flux de mon sang,

Ma géographie pleine de monts obscurs,

De vallées profondes, amères,
Qui ne figurent pas sur les cartes ?



Toute ma peau (aurais-je dû dire)
Toute ma peau vient-elle de cette statue
De marbre espagnol ?


Ne voyez-vous pas ces tambours dans mes yeux ?
Ne voyez-vous pas ces tambours tendus et frappés

Par deux larmes sèches ?



N'ai-je donc pas
Un grand-père mandingue, du Congo, du Dahomey ?


Savez-vous mon autre nom, celui qui me vient
De cette terre énorme, le nom
Sanglant et captif qui est passé par dessus la mer
Entre les chaînes, qui est passé entre les chaînes par dessus la mer ?



Moi, j'ai le sang pur,
Ma voix brille comme un métal poli.
Regardez mon blason : il porte un baobab,

Il a un rhinocéros et une lance.

Je suis le petit-fils,
L'arrière petit-fils,
L'arrière, arrière petit-fils d'un esclave.
(Le maître peut en avoir honte)

Serais-je Yelofe ?


Oh! Qui sait?
Quelle énigme entre les eaux!



Je sens la nuit immense peser
Sur des bêtes obscures,
Sur des âmes innocentes et châtiées;
Mais aussi sur des voix en pointes de lance,
Qui dépouillent le ciel de ses soleils
Les plus durs,
Pour décorer le sang combattant.



Les vers qui accompagnent ces photos sont extraits d'un poème de Nicolas Guillen, poète cubain (1902-1989)

Trace Tribale, corps et fugue urbaine à Montmartre
Paris, France


L'évolution de cette action plastique met en évidence l'importance que Lorenzo Padilla et Francisco Rivero donnent à la multiplicité de leur activité artistique. Elle propose la lecture que font deux artistes cubains, résidents en France, de l'héritage matériel et immatériel, visible et invisible des afro-descendants de Cuba, depuis l'exil. Cette création met en relief le travail patient et rigoureux de Lorenzo Padilla qui a recherché et constitué une collection aussi vaste que variée d'objets (traces tribales) originaires de diverses régions d'Afrique de l'Ouest et de l'Est, et de Madagascar, qui représentent dans leur ensemble la profondeur historique de ces cultures. Donation faite au musée de Matanzas (Cuba) en 2006.


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