samedi 19 février 2011

Le barbare du rythme. Beny Moré





Un jeune troubadour inconnu, en provenance de Santa Isabel de Las Lajas, arrive en 1943 à la Havane, avec sans autre bagage que sa guitare.

Bartolomé Maximiliano Moré Benitez deviendra célèbre sous le nom de Benny Moré.


Ses débuts dans la capitale cubaine sont très difficiles. Condamné à errer d’un bar à l’autre avec sa guitare, il fait aussi l’expérience de la radio, où il cachetonne pour vingt centavos par émission.


En 1944, il est amené à remplacer Miguel Matamoros au chant dans le conjunto Matamoros.
Ce n’est qu’à partir de 1945 que la chance sourit au chanteur, deux ans après son arrivée.
Le grand Miguel Matamoros remarque Bartolomé et décide de l’intégrer aussitôt dans son groupe Baconao.
Avec Ciro Rodriguez, Rafel Cueto et Miguel Matamoros en personne,
Bartolomé enregistre ses premiers disques pour le label RCA Victor





Avec Bacanao, il effectue ses premières tournées à l’étranger, et c’est au Mexique, où il demeure jusqu’en 1951, qu’il remporte ses premiers succès. Il décide d’y prolonger son séjour et Miguel Matamoros lui conseille alors d’adopter un pseudonyme plus commercial. Benny Moré signe ainsi son propre acte de naissance à Mexico.
A la fin des années 40, il est partout : radios, cabarets, films, rien ne lui échappe !
Il chante avec les orchestres de Rafael de Paz et de Lalo Montané, puis intègre finalement l’orchestre d’un autre Cubain, le pianiste Damaso Pérez Prado, l’inventeur controversé du fameux mambo.
Grâce aux disques enregistrés pour le label RCA Victor, Pérez Prado et Benny Moré deviennent des figures de tout premier plan.
De retour à Cuba, Benny Moré rejoint fin 1951 l’orchestre du saxophoniste Mariano Merceron et ses Muchachos Pimienta (garçons piquants) à Santiago.
Deux chanteurs locaux complètent ensuite le trio vocal du groupe Pacho Alonso et Fernando Alvarez.



Benny a conquis les faveurs du public, et dans l’orchestre d’Ernesto Duarte, il contribue à populariser quelques-uns des thèmes du compositeur, tel le bolero " Como fue " .
Mais le triomphe absolu n’est au rendez-vous qu’en août 1953 lorsqu’il parvient enfin à fonder son propre orchestre.
La Banda Gigante, son groupe qu’il appelle tendrement sa " tribu ", l’aide à mettre en valeur ses inimitables dons de chanteur de sones, de montunos ou de boleros, interprétés avec grâce et un talent exceptionnel.
Benny Moré devient un mythe vivant !
Il accumule succès sur succès, citons " Cienfuegos ", " Te quedaras ", "Dolor y perdon ", " Mi amor fugaz ", " Bonito y sabroso ", et tant d’autres désormais grands classiques de la musique cubaine.




Sa vie et sa carrière artistique seront rapides et agitées.
Benny était un homme simple, humble et immensément populaire qui n’hésitait pas à combattre les préjugés et les conventions sociales injustes ou dépassées.
Il vivait pleinement sa vie, parfois à outrance, et goûtait à tous les plaisirs sans aucune restriction.
Son art demeurait intact, mais ses trop nombreux engagements professionnels, la vie de bohême et ses excès lui ruinaient lentement la santé.
Le 19 février 1963, Benny Moré meurt à quarante-trois ans, et entre directement dans la légende.
Plus de deux cent mille personnes se massent sur le parcours suivi par son cercueil, le peuple lui accordant ainsi des funérailles quasi nationales pour un dernier vibrant hommage.
Il est enterré au son d’un rite funéraire " Mayombero " d’origine bantù, joué par La Sociedad de los Congos de son quartier natal de La Guinea.
Tous les ans un festival cubain qui porte son nom a lieu en septembre à Cienfuegos. De nombreuses chansons à la gloire de la musique cubaine mentionnent son nom.
Dans la capitale cubaine un club de salsa porte son nom.

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