lundi 7 février 2011

Voir plus loin




“Voir plus loin”
Peintre et illustrateur cubain installé actuellement à Paris, Francisco Rivero expose ses oeuvres et exerce son art en France, en Espagne,
au Brésil…
Il réalise régulièrement des performances et collabore ponctuellement à l’illustration d’albums jeunesse, dont un réalisé à la
demande de l’UNICEF sur les Droits de l’enfant et publié en plusieurs langues. En déplacement au Brésil le jour de l’inauguration, l’artiste
a bien voulu nous parler de son oeuvre qu’il dédie “aux citoyens de Fontaine, comme un symbole d’amitié sincère” et qu’il aura “à coeur
de venir voir maintenant qu’elle leur appartient”.

Vous avez offert une fresque à la
ville de Fontaine à l’occasion des
50 ans de la révolution cubaine
menée par le peuple cubain.
Pourquoi ce geste ?

Je crois aux occasions que donne le
dialogue, la curiosité de l’individu
pour apprendre quelque chose d’autrui,
ou de cet « autre » lointain. De
mes concitoyens français, j’ai appris
beaucoup de leur histoire, de leurs
vies. J’ai pensé que le meilleur tribut
à l’amitié partagée était de leur offrir
une oeuvre telle que celle-ci, à une
date aussi significative que le 50e anniversaire
de la révolution cubaine.
Le peuple de Cuba, tout au long de
son histoire, passée et récente, a été
créateur et acteur d’un destin extraordinaire
et unique au monde. Le
processus social qui s’est développé
à Cuba de 1959 à nos jours a supposé
des changements structurels
très importants et très profonds sur
tous les plans : social, économique,
culturel et éducatif. Ce sont les
exemples de la Révolution Française
qui ont inspiré et encouragé le
peuple de Cuba au cours de son indispensable
Révolution.
Que la bibliothèque porte le nom
du poète Paul Eluard est un symbole
fort…
Le 14 décembre dernier, c’était le 115e
anniversaire de la naissance de Paul
Eluard. J’ai pensé que c’était une belle
coïncidence que d’inaugurer ces
fresques à une date si proche du jour
de sa naissance.
Hier, 15 décembre, Oscar Niemeyer a
inauguré, le jour de ses 103 ans, à
Niteroi, Rio de Janeiro, une de ses
oeuvres dont les formes provocantes
vous invitent à être heureux. Ces deux
personnalités sont liées, à mon sens,
à notre contemporanéité. Paul Eluard
fut un citoyen, mais aussi un penseur
du social. La bibliothèque publique de
Fontaine a bien choisi son nom.

Où avez-vous puisé votre inspiration
pour créer le tryptique qui orne
les façades de la bibliothèque ?

“Miracle” signifie “Voir plus loin”. Telle a
été mon idée dominante lors du processus
de création de cette oeuvre. “Miracle”,
“Voir plus loin”, grâce à la connaissance
et au savoir qui naissent du
patrimoine culturel mis à la disposition du
public dans cette bibliothèque. Ce triptyque
conjugue l’aspect symbolique du
“Voir plus loin” par le truchement d’une
image poétique qui rapproche les uns
des autres. “Voir ...” grâce à une toile murale
qui revêtirait les murs extérieurs de la
bibliothèque Paul Eluard.
Vous aimez pratiquer votre art
dans les grands espaces publics,
pourquoi ?
C’est à la fois un honneur et un privilège
de pouvoir pratiquer une discipline
des arts visuels dans un espace
public. Pourquoi ? Eh bien, parce que
ces espaces, quelle que soit leur nature,
invitent à l’échange de valeurs
sensorielles, de connaissances, de
plaisir visuel, ils sont comme une
oeuvre intégrée à un musée vivant et
imaginaire.
Une fresque exposée aux caprices
du temps et au temps qui passe,
et l’oeuvre finira par s’abîmer…
J’ai l’honneur et le plaisir de pouvoir
présenter une oeuvre de 90 m2 qui vivra
techniquement autant que son
support le permettra, dans un espace
public, pour l’agrément de tous les habitants
de Fontaine. J’y vois là comme
un musée imaginaire sur les murs
d’une bibliothèque qui offre à tous savoir
et connaissance.
Qu’avez-vous envie de dire aux
Fontainois pour qu’ils s’approprient
pleinement votre oeuvre,
leur oeuvre ?

Le poète a dit :
“Je cultive une rose blanche, / En
juillet comme en janvier, / Pour l’ami
sincère / Qui me tendra franchement
la main. / L’offrirai à l’ami sincère /
Qui me tendra sa franche main.”
José Marti (1853 – 1895)*
Propos recueillis par NP
* José Marti : homme politique et poète cubain.
Héros national, considéré par le peuple cubain
comme le plus grand martyr et l'apôtre de la
Guerre d'indépendance.
Pour aller plus loin, le blog
de l’artiste : jfranrivero.blogspot.com




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