lundi 28 janvier 2013

Marti et moi.


La Havane a rendu un splendide hommage à la mémoire immortelle de l´illustre José Martí à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance. Il est sûr que, dans toute l´Île, tous les cœurs cubains se sont également sentis émus en évoquant le souvenir du jour heureux où Cuba a vu naître un fils qui, avec sa constance laborieuse et son effort génial, a réuni les vaillants éléments et a unifié les volontés nécessaires pour que son pays se lance de nouveau à la conquête de sa liberté et de son indépendance.


Ami et compagnon de Martí dans le travail révolutionnaire, il me vient à l’esprit en ce jour glorieux le souvenir de deux circonstances que je n’oublierais jamais car ils vivent en moi comme les émouvantes caractéristiques de mes relations avec ce glorieux compatriote.

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Martí et moi nous sommes connus vers la fin de 1878. Le « Pacto del Zanjón » nous avait surpris tous les deux à l´étranger : lui, dans une des républiques d´Amérique Centrale, et moi, au Mexique. Ce fut dans le cabinet du célèbre juriste, éloquent orateur et amoureux des lettres, don Nicolás de Azcárate, où nous nous sommes vus pour la première fois. Don Nicolás de Azcárate avait dû aussi émigrer au Mexique, où nous sommes devenus des amis, poursuivis par l´intransigeance coloniale.

Martí a trouvé sa première occupation dans son cabinet, là je lui fus présenté par don Nicolás, et là une relation intime est né entre nous qui a resserré et fortifié l´identité de nos opinions en ce qui concerne le destin de notre Patrie. Nous estimions le « Pacto del Zanjón », que nous n´approuvions pas, non pas comme le dénouement naturel et définitif de la Révolution de Yara, mais comme une trêve surgit de façon inespérée, et que Cuba devait rompre dès qu´elle pourrait. Pour arriver à ce but, tous ceux qui pensaient ainsi dans l’Île, ont commencé à conspirer afin de réunir des ressources et des volontés pour entreprendre de nouveau la guerre libératrice. J´appartenais évidemment à un club révolutionnaire secret, comme secrétaire. Martí faisait partie d’un autre.

Après le cabinet de don Azcárate, Martí est ensuite passé à celui de Miguel Viondi, un autre excellent cubain. Tous les après-midi nous nous réunissions, Martí et moi, dans le bureau que j´avais dans le cabinet de Viondi, qui se rendait compte de ce que nous faisions, mais qui nous regardait avec une sympathique bienveillance et une discrétion chevaleresque.

La tâche sur laquelle nous conspirions donna son fruit. En 1879 éclata la guerre qui est connue dans le vocabulaire séparatiste sous le nom de la « Guerra Chiquita » ; non pas parce qu´elle manquait d´impulsion ou d´importance, mais parce qu´elle a eu une courte durée. En Oriente et à Las Villas, le mouvement armé parvint à impressionner fortement le gouvernement espagnol. Pour aider les soulèvements en armes, pour en provoquer de nouveaux, les clubs havanais estimèrent nécessaire d´unifier leur action ; et à cet effet, une assemblée des présidents et des secrétaires de ces clubs fut convoquée, elle eut lieu une nuit dans le village voisin de Regla. Lors de cette assemblée fut créé un comité central, dont Martí assuma la présidence.

L´idée parut excellente car dès ce moment l´enthousiasme augmenta et, avec lui, la croissance des ressources en armes, munitions et argent pour aider les soulèvements de Las Villas et préparer une insurrection dans la province de La Havane. Mais, finalement, l´idée s´avéra funeste. Etant donné que les clubs travaillaient isolément, il était difficile au Gouvernement de connaître l´existence de tous et de mesurer l´importance de leur tâche. À partir de la réunion de Regla, leur espionnage s’intensifia et devint plus efficace pour la simple raison que deux ou trois membres de clubs présents à cette réunion étaient des espions du Gouvernement, et ils transmettaient ce qu’ils savaient.

Après quelques semaines comme président du comité central, Martí fut emprisonné. Et le souvenir de ce fait est le premier des deux auquel je me référais au début de cet écrit.

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Martí vivait dans une modeste maisonnette, mais allègre et propre, qui existe encore : le Nº 42 de la rue Amistad, entre les rues Neptuno et Concordia. Un matin durant lequel nous avions beaucoup travaillé dans son bureau, et que nous devions continuer à travailler sur l´ajustement des affaires d´intérêt pour Las Villas, il m´invita à déjeuner chez lui. Nous étions encore à table, lui, son épouse distinguée et moi, quand le heurtoir de la porte de la rue résonna. Son épouse se leva et ouvrit. Un paravent séparait la petite salle à manger du salon et je ne vis pas le visiteur. La femme de Martí dit à son mari : « Le Monsieur qui est venu te chercher il y a un moment et à qui j’ai dit l´heure où il pouvait te voir, est ici. Il dit que tu termines de déjeuner, car il n’est pas pressé et il attendra ». Nonobstant – je me le rappelle bien – Martí se leva et, avec la serviette encore à la main, il passa dans le salon. Après un court moment il revint à table et, avec un calme absolu, il dit à son épouse : « Que l’on m’apporte le café tout de suite car je dois sortir immédiatement », et il entra dans sa chambre. Je l’ai vu ouvrir son armoire, qui était face à moi, car j´étais assis de dos à la salle ; chercher quelques pièces de monnaies dans un tiroir, appeler sa femme à qui il dit quelques mots que je n´entendis pas. L’employée de maison servit le café, Martí revint à la table et, debout, il but son café à petite gorgée, en se dirigeant vers moi il me dit : « Prenez votre café avec calme : vous êtes chez vous, et veuillez m’excuser, mais ce que j’ai à faire est urgent ». Il me serra la main, il prit son chapeau et il s´en alla avec le visiteur, pour moi inconnu jusqu´à ce moment. Depuis ce jour et cette heure, je n’ai pas revu Martí.

En effet, dès qu´il est sorti de chez lui, son épouse, prise d´une grande angoisse, les larmes aux yeux, m´a dit : « Ils ont emmené Pepe ; cet homme qui est venu est un policier. Je l´ignorais. Pepe me charge de vous dire de courir et d’aller voir dès que possible où ils l’ont emmené et que vous avisiez don Nicolás Azcárate ».

Je sortis immédiatement avec toute la rapidité qui m’était possible. En entrant dans la rue de Neptuno j´ai pu voir Martí avec son accompagnant, à une certaine distance. J’allais l´atteindre, quand je vis à l´arrêt des fiacres qui existait dans le square Neptuno et Consulado, qu’ils entraient dans l’un de deux. J´ai pressé le pas, j’ai pris une autre voiture, je les ai suivis et je les ai vus descendre au Quartier général de la Police, situé dans le même édifice de Empedrado et Monserrate qu´il occupe actuellement.

Accomplissant la demande de Martí, j´ai informé Azcárate. Grâce à lui, qui avait une grande influence dans le Gouvernement, l´isolement fut levé et Il a eu la permission de voir Martí. Avec Azcárate j´ai reçu des clés et l´ordre de prendre une petite mallette dans le cabinet de Viondi pour la remettre à don Antonio Aguilera, alors délégué provincial, qui prit la place de Martí. Trois jours après sa détention, un vapeur du courrier partait pour l´Espagne, emportant Martí pour la métropole, car aussi bien pour les conseils d´Azcárate, que de sa propre inclination pour les procédures douces, le général Blanco, capitaine général de l´Île, préféra le déporter que de le soumettre à un jugement.

Je le répète : depuis le jour de sa détention, nous ne l´avons pas revu.

Quelques semaines après la détention de Martí, don Antonio Aguilera fut emprisonné. Le plus singulier du cas est que ce dernier, la veille de son arrestation, est venu me voir le soir sous la pluie, enveloppé dans une grande capote pour m’apporter la fameuse mallette que j’avais récupérée dans le cabinet de Viondi et que je lui avais remis à la demande de celui-ci

« J´ai appris par une personne digne de confiance – me dit Aguilera – que d´un moment à l’autre ils doivent m’arrêter. Je ne sais pas comment cela a pu arriver car je me déplace avec beaucoup de précaution. Mais il est vrai que non seulement on sait ce que je fais, mais la police est informée que je possède des documents de grande importance qui ont appartenu à Martí dans cette mallette. Peu le savent, et de ceux-ci je ne sais qui soupçonner. Je vous l’apporte pour que vous cherchiez un lieu sûr où la cacher. Prenez la clé. S´ils m’arrêtent, ouvrez-la, et informez-vous des documents qu´elle contient. En outre, s´ils m´appréhendent, il faut envoyer un émissaire sûr à Santa Clara avec ces autres documents que je vous laisse. »

Quelle époque ! J’ai accepté sans hésiter. Nous nous sommes embrassés fortement. J´ai emporté la mallette dans un lieu sûr. Pour moi il y a toujours eu, parmi mes amis, des gens sur lesquels j´ai pu avoir confiance et qui, pour leur position modeste et même pauvre, comme la mienne, s´avéraient quasi insoupçonnables de la part des autorités espagnoles.

Comme le craignait Aguilera, deux jours plus tard il a été arrêté et envoyé en Espagne, comme Martí. J´ai ouvert la mallette et j’ai trouvé des démarches q’il fallait accomplir. J´ai envoyé l´émissaire qui m´a paru le plus sûr à Las Villas… quand, quelques jours après, j´ai été arrêté, conduit à la forteresse du Morro et déporté à Ceuta ! La mallette fatale portait malheur à tout ceux qui la possédait. La veille de mon départ pour l´Espagne, j´ai connu la cause du mystère : un des hommes les plus importants des clubs conspirateurs, lieutenant-colonel de la Guerre des Dix Ans, s’était mis, par vengeance de ce qu´il estimait un affront, au service du Gouvernement. Nous ne nous sommes pas méfié de lui. Il savait dans quelles mains se trouvait la mallette laissée par Martí, et il savait qu’elle contenait des documents sur les travaux révolutionnaires. Tant que je pouvais passer comme un de plus, mon rôle n’avait pas d´importance. Dépositaire de la mallette, je devenais efficace et dangereux. De là ma déportation.

Je suis resté dix ans en Espagne : de 1880 à 1890. Quand je suis arrivé, Martí s’était déjà échappé et était de retour en Amérique. Quand je suis revenu à Cuba, nos routes s’étaient tant éloignées que nous ne maintenions même pas une correspondance.

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En revenant à Cuba, en 1890, je venais avec un but délibéré : fonder un journal pour commencer une propagande franche et ouverte des idées séparatistes, estimant que les lois ne pouvaient me l’interdire, comme on n´avait pas pu interdire la propagande républicaine en Espagne, déclarée légale par le Tribunal Suprême de notre ancienne métropole. J’ai fondé le journal La Fraternidad, nettement séparatiste. Dénoncé pour un article intitulé « Pourquoi nous sommes des séparatistes », emprisonné pendant huit mois, condamné à une peine relativement légère par l´Audience de La Havane, malgré la brillante défense de González Lanuza, j´ai porté le cas à la Cour Suprême d´Espagne où, défendu par don Rafael María de Labra, j´ai obtenu la cassation de la sentence, la reconnaissance que la propagande de l´idéal de l´indépendance était licite.

Ceci se passait entre 1890 et 1891.

Martí, en connaissant ma campagne, m´écrivit depuis New York, pour me féliciter. Quand, plus tard, il fonda le Parti Révolutionnaire Cubain, aux Etats-Unis, nous correspondions de nouveau et, une chose plus singulière, il y avait des conspirateurs dans l´Île qui étaient en accord avec moi, comme cela eut lieu à Matanzas, où l´ingénieur Emilio Domínguez, le docteur Pedro Betancourt, les frères Acevedo, José D. Amieva et d´autres avaient constitué un club révolutionnaire.

L’action du Parti Révolutionnaire Cubain s´accentuait et je résultais, sans le chercher, l´intermédiaire naturel entre les conspirateurs d’ici et Martí. Peu à peu, notre correspondance devint hebdomadaire, bihebdomadaire, presque continue. Les faits, et sa confiance, et la confiance du travail fait à Cuba, me donna le dangereux, mais très honorable rôle de porter entre nous la représentation de celui qui arborait le titre de Délégué du Parti Révolutionnaire Cubain.

Quelques lettres ont été sauvées de ma longue correspondance avec lui, surtout certaines reçues durant les mois de novembre, décembre, janvier et début février de 1895.

J´ai surtout la dernière, écrite la veille du jour où il est parti à Saint-Domingue pour rencontrer le Général Máximo Gómez, pour venir mourir à Cuba. Après m´avoir chargé de m’adresser dans l´avenir, à Gonzalo de Quesada, qu’il appelait « mon fils spirituel », il terminait sa lettre avec ces phrases nerveuses : « Vous reverrai-je… ? Vous écrirai-je à nouveau… ? Je me sens si lié à vous, je me tais ... Nous conquerrons toute la justice ».

Telle a été la dernière fois que je vis Martí, en 1880, et tel est le paragraphe, pour moi inoubliable, de la dernière lettre qu’il m´écrivit en 1895.


Revista Bimestre Cubana, 1933


           

Pour l'ami sincère...Jose Marti à Paris






Je cultive une rose blanche
En Juin comme en Janvier
Pour l' ami sincère
Qui me tend franchement la main.






José Julián Martí y Pérez (28 janvier 1853 à La Havane - 19 mai 1895 à Dos Ríos, Cuba) est un homme politique, philosophe, penseur, journaliste et un poète.















mercredi 23 janvier 2013

Omar Sy incarnera le clown Chocolat



Omar Sy a remporté le césar du meilleur acteur en 2012 pour sa prestation dans Intouchables.







Le film sera inspiré du livre de Gérard Noiriel intitulé Chocolat, clown nègre, qui revient sur l'histoire vraie et méconnue de la vie de Rafael Padilla. Surnommé Chocolat en raison de la couleur de sa peau, il fut, comme l'indique le sous-titre de l'ouvrage, «le premier artiste noir de la scène française». Né à Cuba, il avait été vendu comme esclave à un marchand portugais.
           
         Tournage en 2014
Après s'être échappé des griffes de son «propriétaire», Rafael arrive à Paris et entame une carrière dans le milieu du cirque, aux côtés de son acolyte, Footit. Le duo connaît son apogée en 1910, sur la scène des Folies-Bergère. Les deux compères se sépareront par la suite et ne rencontreront plus en solo qu'un succès mitigé.

Le tournage devrait débuter au printemps 2014. Pour le moment, aucun réalisateur n'est encore attaché au projet, et le nom de celui qui jouera le rôle de Footit n'a pas été dévoilé.
Quant à Omar Sy, il est actuellement à l'affiche dans De l'autre côté du périph, avec Laurent Lafitte, un film qui a raflé la première position du box-office àThe Hobbitla semaine dernière.









Get Up! Ben Harper



Ben Harper sortira un nouvel album blues en janvier






Ben Harper et Charlie Musselwhite (Crédits: Danny Clinch)
Ben Harper et Charlie Musselwhite (Crédits: Danny Clinch)



Get Up!, le douzième opus du chanteur américain, a été enregistré à Los Angeles, avec la légende de l'harmonica, Charlie Musselwhite.


Par, Alice Bosio

Moins de deux ans après Give Till It's Gone (2011), Ben Harper sera de retour dans les bacs américains le 29 janvier 2013. Get Up!, son douzième album studio, a été enregistré en Californie chez Stax Records, en compagnie d'un invité de marque, l'harmoniciste Charlie Musselwhite, légende blanche du blues américain. Le musicien, virtuose de l'harmonica électrique qui a sorti une trentaine de disques, s'est fait connaître dans les années soixante, en jouant avec Mike Bloomfield et Paul Butterfield.

Get Up! comportera douze nouveaux morceaux - les premiers du chanteur depuisGive Till It's Gone - , qui s'annoncent comme «un cycle perçant de chansons de lutte et de coeur». Mélange de blues, gospel et R&B, les titres ont tous été écrits ou co-écrits par Ben Harper. «Charlie et moi voulions faire ce disque depuis plus de dix ans et maintenant nous y sommes arrivés. J'ai vraiment hâte de le jouer en live», a déclaré Ben Harper à propos du disque. Musselwhite a confirmé cet engouement en affirmant: «Ben et moi avions vraiment accroché, personnellement et musicalement, quand nous avons joué avec John Lee Hooker». Les trois musiciens des Relentless7, le groupe qui accompagne Harper depuis 2008, participent aussi à l'album: Jason Mozersky à la guitare, Jesse Ingalls à la basse et Jordan Richardson à la batterie.
            Habitué des collaborations

Depuis son premier album, Welcome to the Cruel World (1994), et ses débuts avec les Innocent Criminals, Ben Harper est un habitué des collaborations avec différents musiciens qui lui permettent d'explorer des genres musicaux variés (folk, blues, rock, funk, reggae). Sur Give Till It's Gone, le chanteur avait fait appel à Ringo Starr, le batteur des Beatles, qui joue sur deux morceaux et qui a co-signé une chanson. Avant cela, en 2010, il avait formé Fistful of Mercy avec le fils de George Harrison, Dhani, et Joseph Arthur.

Invité du Live - Le Figaro en juin dernier, Ben Harper confiait l'enthousiasme qui l'habite dans la création: «Chaque album que je fais est un rêve qui devient réalité, avec une excitation et une fraîcheur aussi forte que celle du précédent, si ce n'est plus».










Une vie en noir et blanc.



Andrée Putman, une vie en noir et blanc





Crédits photo : CATHERINE GUGELMANN/AFP

 Par, Catherine Saint- Jean


Atypique, égratignée par la vie, celle qui se définissait comme le «mouton noir des moutons noirs» a donné une nouvelle dimension à la décoration. Elle est décédée samedi matin à l'âge de 87 ans.


Elle a aménagé l'intérieur du Concorde, signé l'architecture intérieure d'hôtels prestigieux, de musées, travaillé avec les plus grands noms de la couture, édité un mobilier réduit à l'essentiel et réédité des pièces de créateurs des années 1920-30 tels Jean-Michel Franck, Mallet-Stevens ou Eileen Gray, devenues aujourd'hui des icônes, créé des bijoux pour Christofle… Mais Andrée Putman n'était pas pour autant une touche-à-tout de génie. C'était une allure, un style, rigoureux et dépouillé, une culture et une certaine idée de l'élégance. Sa voix un peu rauque, grillée par les gitanes, s'est éteinte ce matin. La grande dame du design avait 87 ans.
Issue d'une famille recomposée de grands intellectuels bourgeois, elle se considérait comme «le mouton noir des moutons noirs». Atypique, égratignée par la vie mais aussi lumineuse. Ce qui la caractérisait? «Sa curiosité, son ouverture d'esprit, son humanisme. Elle se comportait en sociologue», assure Olivia Putman, sa fille. Ce qui lui permit de fréquenter, avec la même aisance, les milieux politiques, artistiques et le Palace, dont elle sera l'une des égéries.

              Elle ne dessine pas mais elle capte tout

Dès les années 1970-1980, André Putman donne une nouvelle dimension à la notion de décoration qu'elle envisage comme une réflexion sur l'espace, le volume, la lumière, à une époque où l'on se contentait d'assortir rideaux, canapés et papiers peints. Elle ne dessine pas, mais elle capte tout. Seuls son intuition, ses yeux grands ouverts sur le monde, sa connaissance des gens la guident. Comme une évidence, elle imposera le blanc, le noir, le gris dans la maison et sortira la salle de bains de son ghetto hygiéniste pour en faire une pièce à vivre à part entière.
Les projets dont elle était la plus fière? Ceux qui émanaient de belles rencontres humaines comme ce fut le cas avec Steeve Rubell, ex-propriétaire du Club 54, pour lequel elle relooke l'hôtel Morgans, pour en faire le premier boutique-hôtel. «Fière» est un bien grand mot car ses projets préférés étaient toujours ceux à venir, poursuit Olivia Putman. Elle aimait mettre en avant l'artisanat, faire prendre conscience de la beauté intrinsèque de matériaux simples comme le carton ondulé ou le grès cérame.



Andrée Putman vue de son premier cercle

 
Par, Valérie Duponchelle


Racée, stylée, originale, susceptible, littéraire, Andrée Putman racontée par son premier éditeur, le si Parisien José Alvarez.


«Notre rencontre s'est faite de manière étrange», raconte son éditeur, José Alvarez, créateur des Éditions du Regard qui publia Andrée Putman de François-Olivier Rousseau en 1991. «Nous nous étions croisés dans Paris. Mais c'est en 1977 chez Jean-Gabriel Mitterrand, puis lors d'un dîner chez Helmut et June Newton que la rencontre s'est vraiment réalisée. Ce soir-là, nous sommes allés tous ensemble chez le photographe Marc Riboud et nous avons dansé tous les deux “cheek to cheek”. Je travaillais sur un livre consacré à l'excentrique couturier Mariano Fortuny et je lui en ai parlé. Elle s'est enthousiasmée, une de ses grandes qualités et aussi une de ses grandes faiblesses car son discernement était dangereusement variable. Je lui ai dit: “Partons à Venise!” Le week-end suivant, je l'ai emmenée à Venise et lui ai fait découvrir le Musée Fortuny. Éblouie devant les lampes-projecteurs dessinées par Fortuny en 1907, elle y a trouvé l'idée de ses spots et de ses grandes lampes à poser Fortuny.» Ce furent les premiers objets qu'elle créa pour Ecart International, l'agence à laquelle succédera vingt ans plus tard l'Agence Andrée Putman, qu'elle dirigeait toujours, de loin.

«Andrée Putman était un personnage parisien», souligne ce fin connaisseur de la chose mondaine, arpenteur infatigable du petit monde de l'art et de ses dieux vivants, comme Anselm Kiefer. «Elle s'est imposée par son allure, cette espèce de chic qui était le sien, qui a beaucoup séduit et qui a beaucoup fait pour sa notoriété, outre-Atlantique en tout cas. La première fois que je l'ai vue, c'était en 1972 dans un défilé organisé toute une journée par Didier Grumbach et son bureau Créateurs Industriels, dont elle était la directrice artistique. Elle portait un peignoir de boxeur chiffré, magnifique, d'un grand couturier, elle attirait les regards et frappait les esprits par son port et son audace.» Andrée Putman a déjà fait quelques appartements, dont celui de Michel Guy, un ami sincère qui sera également un de ses premiers clients. «Son style a révolutionné les corners et les magasins Yves Saint Laurent, il a triomphé dans les années 1980 au point d'en devenir synonyme, il n'est pas pour autant démodé aujourd'hui, comme en témoigne son bureau en demi-lune créé pour Jack Lang au ministère de la Culture, toujours époustouflant.»


Andrée Putman a notamment créé un bureau en demi-lune spécialement pour Jack Lang, alors ministre de la Culture.
Andrée Putman a notamment créé un bureau en demi-lune spécialement pour Jack Lang, alors ministre de la Culture. Crédits photo : CATHERINE GUGELMANN/AFP

Son goût? «Andrée était une femme profondément littéraire, cela se ressentait dans sa manière de s'exprimer», souligne cet écrivain (Anna la nuit, 2009, Grasset). «Elle avait un langage, un vocabulaire, une parole qui la rendait différente. Tout était chez elle sujet à roman, à fiction. C'était une femme fictionnelle! Elle était d'une grande liberté et assez iconoclaste, même dans sa façon de vivre, jusque dans ses amours. Elle réunissait une idée du raffinement à la française exprimé de façon plus internationale, cocktail nouveau pour l'époque. Ella a créé son propre style sans que l'on puisse sourcer exactement d'où venait son inspiration. Elle a introduit dans l'habitat la vie de tous les jours, le noir et le blanc, qui restent son drapeau. Sa première grande réalisation très médiatisée, l'hôtel Morgans à New York, c'était noir et blanc, comme l'appartement qu'elle a fait au même moment pour Didier Grumbach à Manhattan. Cela ne ressemblait à rien de ce que faisaient alors les décorateurs, même les plus grands. Ce côté très épaulé, très raide qu'elle avait dans son physique hors normes se retrouve dans son travail.»

              Initiée à l'art par son mari

«C'est son mari, Jacques Puman, un Flamand au rare génie, qui l'a initiée à l'art. Elle aimait me raconter qu'un jour il lui avait dit: “Andrée, si vous ne regardez pas l'art et si vous n'aimez pas l'art, vous êtes une conne!” De Bram Van Velde à Fabrice Hyber, elle l'a écouté.» Son succès retentissant, mais tardif, à 53 ans, vient-il du fait qu'elle a inventé un style que l'on n'associait pas à une femme? «Son histoire l'a marquée. Cette fille de la grande bourgeoisie lyonnaise avait été une vraie beauté, haute en jambes, athlétique et très blonde. Sa vie et son visage ont changé pendant l'Occupation, à Paris, lorsqu'elle vivait, rue de l'Abbaye, avec sa mère, après la mort de son père. Elle était musicienne, une pianiste qui se rêvait concertiste. Elle sortait d'un concert, place Malesherbes, qu'elle avait donné avec une amie. Une bombe avait complètement éventré une bouche de métro. Une fine cordelette marquait le début du vide. Elle ne l'a pas vue, est tombée dans ce trou la tête la première et s'est défigurée. Elle a gardé très longtemps ce corps superbe couronné de cette face altière, défiant le souvenir de l'accident.»
«Travailler avec Andrée était enrichissant, car c'était une femme de dialogue, de conversation, pas le “small talk”, l'échange au sens des salons littéraires et artistiques», insiste l'éditeur des conférences d'Anselm Kiefer au Collège de France. «Elle incarnait à la fois cette bourgeoisie dix-neuvièmiste, cette élégance verbale, ces manières et puis une soif de très grande modernité. Elle aimait l'avant-garde, en musique comme en tout», se souvient José Alvarez. Andrée Putman a souvent été décrite comme un tempérament assez rude, pour ne pas dire une walkyrie. «Qualités et défauts sont souvent de même ampleur chez les personnes de talent. Sa sincérité était entière, comme sa triche. Par exemple, elle répétait à ses amis et proches:“On peut tout se dire!”». Elle le pratiquait à l'envi, avec une force terrible, parfois avec justesse. On l'acceptait car elle le formulait avec une intelligence aiguë. Mais c'était aussi quelqu'un à qui l'on ne pouvait rien dire. Qui ne voulait pas écouter. Et ça, c'était une immense faiblesse. Si l'on peut tout dire, on doit pouvoir tout entendre.»










Danseurs classique cubains bouleverse au Casino de Paris




La danse cubaine en révolution






Une troupe d'éblouissants danseurs classique cubains bouleverse les lois du genre au Casino de Paris.




La qualité et l'enthousiasme des artistes éblouissent davantage que la chorégraphie qui, dans la première partie surtout, scande l' exploit sans ménager de nuances. (Guido Ohlenbostel)
La qualité et l'enthousiasme des artistes éblouissent davantage que la chorégraphie qui, dans la première partie surtout, scande l' exploit sans ménager de nuances. (Guido Ohlenbostel) Crédits photo : Guido Ohlenbostel



Au nom de la danse, les Cubains sont prêts à toutes les folies. La moindre n'est pas cette Revolucion qui met en émoi le Casino de Paris. Au lieu des sages pourpoints et tutus du Ballet National dirigé par l'antique Alicia Alonso, au lieu des créatures de rêve portant la salsa avec lascivité, on découvre une troupe de danseurs classiques qui met le feu au plancher sur des tubes du rock réaménagés à la sauce tropicale.Signe des temps, cette variante exotique de Rock the ballet est née en 2011, à Cuba même. Avec des danseurs et musiciens cubains, ainsi qu'une chorégraphie de Roclan Gonzalez Chavez. Revolucion y est donné régulièrement depuis sa création, et doit un léger toilettage au chorégraphe australien Aaron Cash.

Les garçons sont extraordinaires, notamment la bombe Jesús Elías Almenares et le très long Moises Leon Noriega. Ils mènent une troupe qui livre un spectacle pyrotechnique sans jamais souffler ni mollir: grande école classique russe matinée de hip hop, et liée par des figures du jazz ou des chorus line de Broadway. La plupart des danseurs démontrent, par exemple, l'excellence très spéciale de la technique cubaine, synthétisée par Fernando Alonso et enseignée dans toutes les écoles du pays: un sens prodigieux des équilibres acquis en travaillant les yeux fermés pour que le danseur prenne conscience de son axe. Et la mise en valeur des cambrures, de la puissance et du sens du rythme inhérents au sang chaud des Caraïbes.

La qualité et l'enthousiasme des artistes éblouissent davantage que la chorégraphie qui, dans la première partie surtout, scande l' exploit sans ménager de nuances. L' orchestre n'en donne pas plus, matraquant les tubes de rock ou de rythme and blues sur les mêmes cadences solaires. La seconde partie gomme ces travers. On succombe joyeusement à cette grande fête.

Casino de Paris jusqu'au 3 février.














jeudi 10 janvier 2013

Son identité sur le mur ! PERFORMANCE







Photos, Francisco Rivero



« les stratégies politiques de libération de l’identité » 









Selaron: Profeta nos 215 degraus da Lapa

















A quem se sentasse na escadaria e puxasse conversa, Selarón contava sua história com um tom entre vaidoso e bonachão. Nas frases, costumava alinhar o próprio nome ao lado dos de Picasso, Michelangelo ou Gaudí (este era tido por ele como “menor”). Desde a manhã desta quinta-feira, os degraus estão “órfãos”. O homem que enfeitou a Escadaria do Convento de Santa Teresa foi encontrado morto sobre sua obra, que acabou mais conhecida pelo apelido que remete a seu “criador”: Escadaria Selarón.

Desde o início dos anos 1990, motivado pela Copa do Mundo de 1994, o chileno passou a alinhar os azulejos nos 215 degraus que saem da rua Joaquim Silva, na Lapa, e vão dar na Ladeira de Santa Teresa. Segundo ele mesmo, estavam ali mais de 2 mil azulejos vindos de quase 60 países — ele vagou desde os 17 anos, quando deixou o Chile, por 57 países da Europa, Ásia e América até se fixar de fato no Rio, em 1983. Para se manter, também segundo contabilidade dele próprio, vendeu cerca de 25 mil telas que produzia obsessivamente (algo como cinco ou seis por dia), retratando uma figura recorrente, a de uma mulher negra grávida, tema sobre o qual preferia não discorrer muito por “motivos pessoais”.









Generation WESTINGHOUSE. " Astres "



Les astres sont plus purs, lómbre paraît meilleure;
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.






Photos, Francisco Rivero













Regino Pedroso se compõe de vários regino-pedrosos











Regino Pedroso


Por Nicolás Guillén*

Regino Pedroso se compõe de vários regino-pedrosos, cada um independente do outro. Ou seja, formam diversas camadas (pelo menos três) superpostas sem ligamento ou soldaduras entre si.
Primeiro Regino Pedroso: o dos poemas pós-modernistas. Vassoura, camelos, minaretes. Regino artificial e cheio de artefatos.
Segundo Regino Pedroso. É o primeiro e mais importante. “El de Nosotros”, livro que abre caminho para a poesia social, ou para a poesia social cubana. As tentativas iniciais desse tipo de poesia – Pichardo, Tejera? – ficam opacas e distantes, porém, das estrofes metálicas destes poemas. Dão as notas inusitadas, novas. Até então (em Cuba) não havia Mayakovski, somente tradução. Um Mayakovski que sendo no ritmo original, no avant toute chouse (antes de todas as coisas), porém sem haver la chose (a coisa), havia perdido – haviam tirado – ao passar para o espanhol pelos canais de tradutores, aos quais para imitar aquela prosa posta em linhas curtas (ou longas, é tudo o mesmo) bastava apenas enche-las de punhos erguidos, parafusos, porcas, foices e slogans para fingir um aspecto social inexistente.

Regino Pedroso varreu tudo isso. Sua poesia proletária é poética, forte e quase sempre grandiosa. A forma é rítmica – embora os versos sejam livres quanto à rima -, e cada poema está trabalhado não como faria o ourives em sua oficina, mas sim a golpes de martelo sobre a bigorna, dando ao ferro ainda vermelho ou branco a forja que o artista concebeu, e nenhuma outra.

Terceiro Regino Pedroso: o chinês. Não é um chinês de chinerías, externo; não é um chinês que viveu na Califórnia, um chinês de chopsuei e sopas de ninhos (em lata) de andorinhas ou nadadeiras (em lata) de tubarão. Trata-se de um chinês profundo, mais ainda, insondável. Um chinês filósofo que vê o que o rodeia com sua paciência e seu leque (negro talvez) e acolhe cada sucesso com um marginal sorriso, filho de uma experiência que vem desde a disnatia Ming, tão amada pelo poeta.
Estes três Reginos Pedrosos fazem um só Regino Pedroso verdadeiro, um dos poetas mais sérios, sólidos – sós – da poética americana.

Aqui é visto como um grande rio largo e lento cujas águas passam por Ásia e África antes de chegar à Cuba.












La légendaire revue artistique et littéraire française



L'olympe de l'art à lire dans lesCahiers d'art





Le 18 octobre dernier, après des mois de gestation confidentielle, sortait le premier numéro des <i>Cahiers d'art</i> nouvelle formule.



 Par, Valérie Duponchelle


L'ART CONTEMPORAIN ABORDABLE (4/10) - La légendaire revue artistique et littéraire française renaît en 2012 et entame sa 36e année d'édition.



Derrière sa vitrine surannée du 14 rue du Dragon (VIe), Les Cahiers d'artsommeillaient doucement sur leurs lauriers. Cette revue haut de gamme qui est à l'art ce qu'Hermès est au cuir, a eu des débuts historiques qui ont coïncidé avec la découverte du Bauhaus, de l'architecture de Le Corbusier, de Paul Klee, de Kandinsky, avec l'assimilation des arts primitifs et de l'archéologie des Cyclades. Des années 1930 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Les Cahiers d'art se sont intéressés aux artistes contemporains qui vivaient et travaillaient à Paris. Ils s'appelaient PicassoMatisse, Braque, Léger, Ernst, Art et Giacometti. En 1932, Les Cahiers d'art publiaient le premier volume du Catalogue Picasso, projet éditorial gigantesque qui devait associer le Minotaure et Zervos sur plus de 5 décennies. On l'appelle communément leCatalogue Zervos et c'est à la fois une gloire, une rareté bibliophilique et une future mine d'or à l'heure des Nouveaux Russes, Nouveaux Chinois et rois des autres marchés émergents qui se passionnent pour Picasso l'universel.

Disponible jusqu'en 1960, avec une interruption de 1941 à 1943, la revue est entrée en 2012 dans sa 36e année d'édition. Fils d'un grand collectionneur suédois persécuté par le fisc de son pays, exilé enfant en Suisse près de Vevey, terre paisible des collections privées époustouflantes, Staffan Ahrenberg a poussé en 2011 la porte de cette adresse historique. «La maison d'édition serait-elle à vendre?», demanda ce financier policé et ironique, fils de bonne famille propulsé dans l'aventure et formé à la production des films à Hollywood (on lui doit le remake d' Un Americain bien tranquille de Philipp Noyce d'après Graham Greene, avec Michael Caine). Le 18 octobre dernier, après des mois de gestation confidentielle, sortait le premier numéro des Cahiers d'art nouvelle formule (désormais bilingue, mondialisation oblige). Splendide démonstration d'amour de l'art avec le maître de l'abstraction américaine Ellsworth Kelly en majesté, un hommage à l'architecte brésilien Oscar Niemeyer que l'on croyait encore éternel, une intronisation du jeune artiste français Cyprien Gaillard et de l'Argentin couronné à la Biennale de Venise 2009, Adrian Villar Rojas. Bref, un beau menu.

Le N°1 de 136 pages sous papier cristal translucide, broché comme un livre d'art, grand et plat (24,5 X 31,5 cm), avec une lithographie est disponible en français ou en anglais (60€). Plus beau cadeau encore, un abonnement pour deux numéros (108€, soit -10%), pour 5 numéros (255€, soit -15%), pour 10 numéros (480€, soit -20%).

www.cahiersdart.fr












Michel Bouquet, en paterfamilias de la peinture française.
Michel Bouquet, en paterfamilias de la peinture française. Crédits photo :

 MARS DISTRIBUTION




Le cinéaste Gilles Bourdos évoque la vieillesse du peintre incarné par Michel Bouquet.


Renoir père et Renoir fils, Pierre-Auguste et Jean: ce fut une exposition en 2005 à la Cinémathèque française. C'est désormais un film de Gilles Bourdos sur la vieillesse du peintre et la naissance de la vocation du cinéaste: double difficulté. Comment entrer en concurrence, ou en résonance, avec deux grands modèles esthétiques, sans avoir l'air de les copier?
En 1915, sur la Côte d'Azur, une jeune femme pose pour le peintre. Christa Théret, chair d'abricot et cheveux dans le soleil, pas tout à fait assez grassouillette pour être un vrai Renoir d'époque, affole un Michel Bouquettrès roi Lear, parfait en paterfamilias de la peinture française. Elle passe à bicyclette parmi les gueules cassées revenues du front, comme une baigneuse traversant un tableau d'Otto Dix. Elle brise les assiettes peintes par «le patron». sur des tommettes de cuisine style Côté Sud. Du point de vue de l'histoire de l'art, rien à redire. Le film a bénéficié des conseils de Sylvie Patry, commissaire de la grande exposition «Renoir au XXe siècle» au Grand Palais, et d'Augustin de Butler, qui a publié les Écrits et entretiens du peintre (Éditions de l'Amateur), réunissant tous les textes, paroles rapportées, propos de table, dont Renoir n'était pas avare. Du coup, les dialogues sonnent juste. Les décors, même si ce ne sont pas ceux de la maison des Renoir, les Collettes à Cagnes-sur-Mer, en pleine rénovation, sont vraisemblables. L'utopie méridionale est un des charmes du film. La lumière est jolie comme dans Jean de Florette, les filles se déshabillent dans les torrents, les tissus provençaux volent avec les chapeaux de paille, tous ces tableaux suaves ont un côté XVIIIe siècle et calendrier des postes.

            Vieillard amoureux de la lumière

Grâce à Michel Bouquet, désespéré, miraculeux, torturé par les rhumatismes, ce film trop joli réussit à être un peu plus qu'un agréable livre d'images. L'acteur donne une grandeur tragique au vieillard amoureux de la beauté et de la lumière. Le meilleur acteur du film, pourtant, c'est le mystérieux Guy Ribes, faussaire qui sortait de prison quand Gilles Bourdos lui demanda d'être Renoir, de jouer les mains qui peignent. Il atténue avec des jus transparents les ocres et les roses, ses ­Renoir de cinéma sont dignes du Musée d'Orsay. Sacha Guitry, en 1915, était venu voir Renoir avec une caméra. Cela donne quelques minutes bouleversantes, reprises dans Ceux de chez nous, où l'on voit ces mains déformées qui ne vivent que pour ­tenir les pinceaux.
• Renoir,drame de Gilles Bourdos, avec Michel Bouquet, Christa Teret et Vincent Rottiers.








Mystérieux et méconnu,Nicolas Colombel




<i>Portrait d'une femme sous les traits d'une source</i>, Nicolas Colombel.
Portrait d'une femme sous les traits d'une source, Nicolas Colombel. 
Crédits photo : Pierre Ballif/musée du Louvre / Collection Motais de Narbonne


 Par Adrien Goetz



Mystérieux et méconnu, ce peintre du XVIIe tenta d'égaler Nicolas Poussin. En vain. Le Musée de Rouen lui consacre une rétrospective.


L'audace des grands musées français cette année est inouïe. Méprisant les blockbusters, Strasbourg consacre une exposition magistrale àLoutherbourg, grand oublié du temps des Lumières, et Rouen offre une rétrospective à un artiste dont le nom ne disait plus rien, le mystérieux Nicolas Colombel (vers 1644-1717).
De Colombel on ne sait pas grand ­chose: né à Sotteville-lès-Rouen, actif à Rome où il connut un peu de gloire, mais surtout né trop tard dans un monde trop vieux, il tenta d'égaler Poussin. Or, ­Pierre Rosenberg le dit tout net dans sa préface au catalogue: «N'est pas Poussin qui veut.» Colombel, dont on ignore la formation, peint trop bien - pour les visages et les mains, il est même meilleur que son insurpassable modèle - mais il pense trop peu.
Ses compositions artificielles ne sont pas convaincantes - si on le compare à son cher Poussin, ce qui est son drame. En revanche, si l'on joue le jeu d'aborder ses scènes mythologiques en oubliant la chronologie, il n'est pas interdit de penser à David, à Ingres, ou à des peintres puristes du XXe siècle. Le suiveur devient précurseur, phénomène troublant.

          Vallotton, révélation de l'exposition

À Rouen, il y a un VallottonBain de soleil après la plage, de 1923, qui a de faux airs de Colombel. Sa froideur et son étrangeté deviennent du coup très séduisantes. C'est ainsi qu'il est sorti de l'ombre, quand un de ses tableaux,Atalante et Hippomène, s'est arraché aux enchères 667.575 euros à Londres chez Sotheby's, en 2006. Le tableau, revendu deux ans plus tard par la galerie Otto Naumann de New York, fait aujourd'hui partie de la collection du prince de Liechtenstein.
C'est une des révélations de l'expo­sition. Karen Chastagnol, jeune chercheuse brillante, vient d'achever le catalogue de ce nouveau maître, sur lequel nul n'aurait misé il y a dix ans. Exemple incroyable de résurrection artistique. Le Musée de Rouen, qui a en Sylvain Amic un jeune directeur plein d'énergie, est en fête jusqu'au 26 mai: sept petites expositions, mises en scène par Christian Lacroix, ponctuent le parcours des ­collections permanentes et montrent Delacroix en Normandie ou Zao Wou-Ki rendant hommage à Monet. Sept flashs qui aident à mieux voir. On en redemande.











mercredi 9 janvier 2013

Starbucks va s'installer à Montmartre





Starbucks s'attaque à l'un des hauts lieux du tourisme parisien. La chaîne de café américaine devrait ouvrir une enseigne l'an prochain sur la célèbre place du Tertre, affirme LeParisien ce samedi. Starbucks a en effet mis la main sur les locaux occupés depuis des générations par la brasserie Au pichet du Tertre. Cette dernière est restée portes closes depuis un an pour des questions d'hygiène.

Pour Starbucks, cette ouverture entre dans la logique de développement de la marque dans l'Hexagone. En mars dernier, le groupe américain faisait part de son intention d'accentuer ses efforts en dehors du marché nord américain en ciblant particulièrement l'Europe. La chaîne s'était promise de doubler le nombre d'ouverture en France dès cette année, avec une vingtaine d'inaugurations, dont 12 dans des gares et aéroports. «Nous saisirons toutes les opportunités pertinentes», avait assuré Howard Schultz, le PDG de Starbucks, au Figaro.

Mais l'idée de pouvoir déguster son Frappuccino tout en admirant les peintres sur la butte Montmartre ne plaît pas aux habitants du quartier qui dénoncent une implantation contraire à l'esprit des lieux. Les commerçants locaux ont tenté de contester cette implantation, mais pour l'heure, en vain. «Mais qui aurait les épaules pour se battre contre un géant?», déplore Frédéric Loup, président de l'association des commerçants du Haut Montmarte, dans les colonnes du Parisien. Ce dernier explique que les commerçants ont essayé de s'unir pour racheter le fond de commerce avant d'abandonner l'idée. «Starbucks est tout de même préférable à un fast-food», se résigne ce dernier.




 Un futur de Starbucks place du Tertre
divise Montmartre    






L'ouverture prochaine de la chaîne américaine à la place d'une ancienne brasserie trouble les habitants du quartier. Les avis oscillent entre colère et fatalisme.

Mardi matin, place du Tertre, tout semblait normal. Les caricaturistes proposaient aux passants de se faire tirer le portrait, les touristes, nombreux malgré la fraîcheur, dégainaient leur téléphone pour mitrailler les peintres, des tour Eiffel roses s'affichaient dans les boutiques de souvenirs, les nombreuses brasseries typiques de la place attendaient le client. Enfin presque toutes. À l'angle de la place et de la rue Norvins, la façade ancienne de la brasserie Au Pichet du Tertre a beau afficher encore le menu, les lieux sont vides. L'établissement est fermé depuis un an déjà. Pour raisons d'hygiène…

Ce qui a provoqué l'émoi des habitants du quartier, c'est l'affichage, l'automne dernier, d'un petit panneau annonçant «des travaux d'aménagement d'un salon Starbucks Café». L'établissement devrait ouvrir en février, selon les riverains.

Mais aussitôt, les associations comme Paris Fierté ou l'Association des commerçants du Haut Montmartre se sont mobilisées: distribution de tracts, ouverture d'une pétition, formation d'un groupe de pression pour demander l'annulation de la vente du fonds de commerce à l'entreprise américaine… «Déjà, il y a vingt ans, McDonald's avait voulu s'installer sur la Butte, rappelle Pierre Brabant, de Paris Fierté. Le géant du fast-food a dû reculer. Là non plus, on n'a pas l'intention de désarmer. Déjà que les marques internationales de fringues ont envahi les Abbesses, Starbucks, c'est la goutte de café qui fait déborder le vase!», ajoute Pierre Brabant. Le «C'est nul» griffonné en travers du fameux panneau d'affichage résumait bien, selon lui, l'opinion générale des riverains, agacés que ce site, certes touristique mais typique, accueille un symbole de mondialisation et de la standardisation des goûts qui dénature le cachet montmartrois du quartier. Plus fataliste, Maxime, jeune étudiant bientôt obligé de quitter son studio pour cause de hausse de loyer, dénonce les prix au mètre carré, devenus inabordables à Montmartre, «pour les particuliers comme pour les commerçants». Du côté des commerçants, justement, si beaucoup déplorent l'installation de Starbucks, d'autres ironisent: «Ça vous gêne, vous, qu'une chaîne américaine s'installe ici? raille-t-on, Chez ma Cousine, cabaret voisin d'Au Pichet du Tertre. Les pizzerias ou les kebabs alentour ne sont pas plus typiques… Et vu le nombre de touristes américains, ça leur plaira sans doute.» Pas sûr, si l'on en croit Amy, Américaine de passage justement, qui «ne vien(t) pas à Montmartre pour retrouver les commerces qu'elle a chez elle et qu'elle croise déjà dans toutes les capi­tales». Sur la façade de l'ancienne brasserie, le panneau a disparu.

            Un lieu aussi emblématique

À travers les vitres, on peut toujours voir l'antique comptoir en bois, les banquettes marron, les pichets de 25 cl bien rangés. Les travaux semblent loin. «Non, non ça bouge à l'intérieur, affirme-t-on à La Galette des Moulins, la boulangerie d'en face. Des gens viennent régulièrement prendre des mesures, l'ouverture serait prévue pour février.» Le fait est que Starbucks, qui compte déjà 70 salons de café à Paris et en région parisienne, compte bien pour­suivre ses implantations. Si l'enseigne américaine s'est imposée dans de nombreux quartiers parisiens, c'est la première fois qu'elle touche à un lieu aussi emblématique de la capitale.

Paris Fierté, pour sa part, compte bien maintenir la pression sur la mairie du XVIIIe, «qui n'a pas daigné répondre à notre courrier. Mais nous retournons sur place le 20 janvier prochain»,promet l'association.

                   










samedi 5 janvier 2013

Tenderness_Live Studio 1994 - Al Jarreau with Marcus Miller



Rien de plus simple,
La liberté guidant la musique...TENDERNESS












Al Jarreau - Tenderness 1994
Marcus Miller / Joe Sample/Steve Gadd / Eric Gale / Paulinho da Costa / Philippe Saisse / Michael Patches Stewart / Neil Larsen / Sharon Young / Jeffery Ramsey and featuring David Sanborn