vendredi 1 février 2013

Une exception parisiene: Les expos




La folie des expos






<i>Royal Valkyrie,</i> de Joana Vasconcelos exposé au Château de Verssailles.
Royal Valkyrie, de Joana Vasconcelos exposé au Château de Verssailles. Crédits photo : François BOUCHON/Le Figaro


En l'espace de six ans, le nombre d'expos à Paris a plus que doublé. Face à cet engouement croissant, une exception parisienne


 Par, Valérie Duponchelle


Avec plus de 700.000 visiteurs, une prolongation de six jours et, du 1er au 3 février, le grand dispositif d'ouverture 24 h/24 - il a été inauguré pourPicassoet les maîtres (783.000 visiteurs) et répété pour Monet (913.000 visiteurs) -,Edward Hopper au Grand Palais clôt une nouvelle année faste pour les expositions. Rite du Nouvel An: fin janvier, les musées sortent leurs chiffres, comme pour arriver premier au hit-parade, alors que les méthodes de comptage ou la taille des lieux rendent l'exercice improbable. Comment naît le succès? Ce qui marche de façon irrépressible et exponentielle, ce sont les monographies sur de grands noms universels et donc populaires, dignes des «block- busters» des grands studios hollywoodiens: cette année, MatisseDali et Hopper. L'art contemporain et la photographie suivent avec des cercles plus initiés. Les expositions thématiques arrivent loin derrière, sauf Les Impressionnistes et la mode» à OrsayExhibition, l'invention du sauvage au Quai Branly ou Les arcs-en-ciel du noir au petit Musée Victor-Hugo. Les musées gardent la tête froide devant ce tourbillon de chiffres et ces longues files d'attente. Le succès des stars assure la survie des autres.

            Selon les faveurs du public

«Un musée repose sur une économie assez simple, l'équilibre recettes-dépenses, analyse Fabrice Hergott, directeur du Musée d'art moderne de la Ville de Paris. Nous essayons de présenter une exposition grand public, susceptible d'un plus grand succès, tous les deux ans. Comme Chirico en 2009 (environ 150.000 visiteurs) et Van Dongen en 2011 (162.000 visiteurs). Nous élaborons notre budget de production (transports, assurances, catalogues) en fonction d'une fréquentation espérée. Avec Basquiat,notre record, elle a été trois fois supérieure à nos attentes. Nos bénéfices nous permettent de financer des expositions plus pointues.En 2013, le musée mise sur l'énergie Keith Haring.»
Pas question de sacrifier les contenus au succès sonnant et trébuchant: «Le but des expos n'est pas de faire un coup médiatique mais de traiter d'un sujet pas montré depuis longtemps, qui permette de mettre en valeur les collections du musée. Sinon, on ferait tous du racoleur», dit Christophe Leribault, exconservateur du Louvre qui vient de prendre la direction du Petit Palais et prépare pour l'automne 2013 une rétrospective Jordaens (malgré l'accueil froid de la Belgique à son peintre). Dès son arrivée, il a tiré vers le haut et étoffé l'expo Jules Dalou qui ouvre le 18 avril. Les faveurs du public permettent de développer des thèmes de chercheurs. Au Louvre, l'exposition sur la restauration de la Sainte Annede Vinci, autrefois une exposition dossier, a reçu 3954 personnes par jour. Faute d'une rétrospective Raphaël, le Louvre a traité des liens que le peintre entretenait à la fin de sa vie avec son atelier (4317 visiteurs par jour).

           Gestion des files d'attente

L'heure est néanmoins au marketing, pratique inaugurée début 2000 par le Musée du Luxembourg. L'explosion du nombre des expos à Paris (de 46 en novembre 1998 à 104 en novembre 2012) et de leur fréquentation modifie les habitudes:«Il y en a eu tant qu'il n'est pas facile de trouver un bon sujet. Les recettes obligées du succès? Trouver un sujet agréable avec un joli titre et mettre de l'argent pour façonner un emballage soigné en communication, scénographie, cartels et audioguides», résume Christophe Leribault. Pour atteindre pareil dynamisme, les musées de la ville de Paris viennent enfin, le 1er janvier dernier, de quitter leur gestion archaïque en régie pour se constituer en établissement public.
Les prolongations étant souvent ­impossibles - comme les stars, les chefs-d'œuvre ont un planning serré -, l'art de gérer les flux de visiteurs se peaufine. Depuis 2012, le Jeu de paume ouvre une heure plus tôt le matin et, un peu partout, des nocturnes supplémentaires s'organisent. Au Quai Branly, un«dispositif exceptionnel de gestion des files d'attente» a été mis en place. Et, à Orsay, on demande aux scénographes de veiller à la fluidité de la visite pour éviter tout engorgement.

             Le TOP 5 des plus fortes fréquentations depuis 1960 (en nombre de visiteurs)

1. En 2012, Joana Vasconcelos dans les Grands Appartements à Versailles : 1,6 millions
2. En 1967, Toutankhamon au Petit Palais : 1, 2 millions
3. En 1993, la collection Barnes à Orsay : 1, 15 millions
4. En 2011, Monet au Grand Palais : 913 064
5. En 1979, Dali à Beaubourg: 840 600













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