samedi 8 juin 2013

Amelia Peláez : universelle et cubaine









L’œuvre des plasticiennes cubaines constitue une des contributions les plus riches et essentielles à notre culture. Amelia Peláez et son monumental travail de création dans les diverses manifestations artistiques honore ce panorama de l´île avec une grande mosaïque de l’art latino-américain et caribéen.






Amelia est décédée le 8 avril 1968, une forte personnalité artistique qui offre, même depuis la postérité, grâce à son art vital et moderniste, des thèmes inépuisables non seulement pour le plaisir des amateurs d´art, mais qui sont également l’objet d’une recherche de la part des experts et des historiens de l´art.
Il semble que peu de connaisseurs en art cubain puissent se soustraire à l´intensité et à la valeur de l’œuvre d´Amelia, qui est allée au-delà de la peinture, créant des céramiques, illustrant des livres et des revues et réalisant d’importants projets de peintures murales. C´est pourquoi plusieurs livres ont été édités sur son énorme contribution.
Un de ces chercheurs est Roberto Cobas, muséologue et curateur de la collection d’art moderne cubain du Musée National des Beaux-arts, qui a organisé il y a quelques années la dernière grande exposition de l´artiste intitulée « Amelia Peláez, images rétrospectives », composée de quarante oeuvres. À 45 ans de la disparition physique d´Amelia Peláez et pour célébrer le centenaire de l’institution, la plus importante de Cuba et qui possède le plus grand legs de notre art national, le chercheur a accepté de répondre à cette brève entrevue.
Aujourd’hui, tout le monde peut apprécier l´œuvre picturale de l´artiste cubaine Amelia Peláez dans notre Musée National des Beaux-arts lors de la visite de la salle « L´émergence de l´Art moderne (1927-1938) ». À quarante-cinq ans de la disparition physique de l´artiste cubaine pouvez-vous préciser comment a été formé le fond de ses œuvres dans la collection d´art cubain et comment peut-on le valoriser à présent lors de la fête du centenaire de l´institution ?
Le fonds des œuvres d’Amelia Peláez est le plus grand des artistes qui conforment l´avant-garde historique cubaine. Il s’agit de 523 œuvres, principalement des huiles, des gouaches, des aquarelles et des dessins à l´encre, constituant un grand legs au patrimoine culturel cubain.
Amelia Peláez est une des plus notables artistes du modernisme cubain et sa projection a rayonnée dans toute l´Amérique Latine. Avec Frida Kahlo et Tarsila Amaral elles ont constitué le trio d´or de la peinture moderne dans notre continent.
Le grand artiste qu’était David Alfaro Siqueiros a écrit : « Amelia est le plus extraordinaire exemple de la façon dont devrait s’approcher un artiste vigoureux aux courants modernes de Paris » (Ultra, Mexico, février 1943). En quoi consiste cette « discipline insurmontable » d’Amelia, comme le muraliste Mexicain la qualifiait ?
Je m’imagine que Siqueiros fait référence à l’excellente technique picturale d’Amelia Peláez, qui était évidente dans chacun de ses tableaux, depuis les académiques jusqu’aux plus modernes.
Il faut se rappeler qu´elle était une élève du maître Leopoldo Romañach dans l´Académie San Alejandro, dans laquelle elle a obtenu son diplôme avec les honneurs. Ensuite elle a réalisé des études rigoureuses à Paris, dans l´Académie de la Grande Chaumière, dans l´Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts et dans l´Ecole du Louvre. Finalement, sa rencontre avec l’excellent peintre russe Alexandra Exter lui a permis de dominer la dynamique de la couleur, l´abstractionnisme et la scénographie.
Vous avez évoqué que la peinture d’Amelia Peláez « obtient ses résonances les plus exceptionnelles à côté de la pensée intellectuelle et esthétique de José Lezama Lima et de la génération des artistes et des écrivains de la revue Orígenes (1944-1956)". À travers quels traits pouvons-nous apprécier cette relation dans son œuvre ?
L´intimisme présent dans la peinture d’Amelia Peláez est en consonance avec la poésie du groupe de la revueOrígenes et en particulier avec la pensée esthétique de José Lezama Lima. Amelia explore dans toutes ses variantes les intérieurs domestiques créoles à travers l´ornement, l´utilisation de la ligne sinueuse qui apparaît dans toute l’œuvre et la présence de vitraux, de fruits, de grilles, de paravents qui donnent à sa peinture un caractère unique dans le panorama des arts plastiques cubains.
En 1958, Amelia a créé la fresque murale en céramique de ce qui est aujourd´hui l´hôtel Habana Libre. En même temps son propre atelier de céramique à la Víbora a été un espace pertinent pour les céramistes cubains. Comment valorisez-vous l’apport d’Amelia Peláez pour l´histoire de la céramique cubaine ?
Amelia Peláez a été l´une des plus grandes céramistes de notre pays. À cet égard je me réfère aux ressources formelles qu’elle a utilisées sur les vaisselles préparées par d’habiles artisans. Son œuvre en céramique se nourrit de sa peinture et vice versa.
Elle a eu une vaste production dont le point culminant a été la réalisation de l’imposante fresque en céramique de l´hôtel Habana Libre. Le principal legs qu’elle a laissé aux céramistes contemporains cubains est sa passion pour le sauvetage des racines autochtones et de les apporter à l’argile comme la véritable essence cubaine.



















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