lundi 26 août 2013

Des reproductions de Picasso menacées à Oslo



Rescapées de l'attentat commis par Breivik en 2011, des fresques de Carl Nesjar, reproduisant des œuvres du maître espagnol, se retrouvent au coeur d'un débat en Norvège sur le sort de deux bâtiments ministériels susceptibles d'être démolis.






Dessinées par PicassoLa PlageLa Mouette, deux versions des Pêcheurs ainsi que Satyre et Faune ont été reproduites au jet de sable par le Norvégien Carl Nesjar. Depuis la début des années 1960, elles reposent sur les parois en béton du quartier des ministères qui a poussé dans le centre d'Oslo après la guerre. Réalisées dans un style enfantin avec des personnages à la géométrie simple et l'absence apparente de perspectives, elles sont la première diversification de l'art de Picasso vers un tel support.
«C'est un trésor international», a affirmé le ministre norvégien de l'Environnement, Baard Vegar Solhjell, en charge des questions de patrimoine culturel. «Cela soulèverait un débat international si c'était démoli», a-t-il dit au journal Dagsavisen. La question se pose depuis que le terroriste Anders Behring Breivik a fait exploser une camionnette piégée dans l'antre du pouvoir le 22 juillet 2011. L'attentat avait fait huit morts, ravagé le «bloc H», une tour de 17 étages abritant le bureau du Premier ministre depuis 1958, et fortement endommagé les ministères environnants.
Fin juin, un panel d'experts, chargé de concevoir le futur siège gouvernemental, a jugé que la solution la plus économique consisterait à détruire le «bloc H» et un autre immeuble ministériel, le «bloc Y». Ces bâtiments abritent les reproductions de Picasso. Celles-ci ne seraient pas démolies mais découpées dans le béton pour être réutilisées autrement. Mais vu leur relation fusionnelle avec l'architecture d'origine, les fresques peuvent-elles quitter les parois pour lesquelles elles ont été conçues? Non, répondent spécialistes de l'art et commentateurs de presse.

          La famille Picasso a son mot à dire

«Nous ne pouvons pas démolir le meilleur d'une période culturelle simplement parce que l'on trouve cela laid aujourd'hui», a plaidé le directeur du patrimoine culturel, Joern Holme. «Ce n'est pas digne d'une nation culturelle. Détruire ce que la Norvège a fait de mieux à une époque donnée de son histoire est contraire à toutes nos valeurs», a-t-il ajouté.
D'autant que la famille Picasso a son mot à dire au nom du droit moral sur les créations laissées par leur illustre aïeul. «L'œuvre de Picasso a été créée pour aller dans cet immeuble-là. On ne peut pas la retirer comme ça, sans demander», a fait valoir Claudia Andrieu, juriste de la Picasso Administration. «Nous n'avons pas été saisis, ce qui est à la fois souhaitable et nécessaire», a-t-elle ajouté, en soulignant que la succession Picasso était «ouverte au dialogue».
Tour austère et sévère, le «bloc H» n'a jamais fait l'unanimité en Norvège. Selon un sondage publié en juillet dans le journal Verdens Gang (VG), 39,5% des personnes interrogées souhaitent sa démolition contre 34,3% qui voudraient qu'on le conserve. «Nous avons aujourd'hui une occasion en or de nous débarrasser de cette architecture brutale, laide et dégradante qui a été érigée à Oslo ces 80 dernières années», estimait le peintre Dag Hol dans une chronique publiée en juillet dans le journal Aftenposten. Réhabilitation? Démolition partielle ou totale? Le gouvernement devrait se prononcer au début de l'an prochain.






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