dimanche 27 juillet 2014

Jan Dilenschneider, expose ses œuvres paysagistes.




Jan Dilenschneider, une Américaine « nature » à Paris





Par Marie Christine Delacroix


À l'invitation de Pierre-Alain Challier, ils sont nombreux, tels le marquis Élie de Dampierre ou Christian Langlois-Meurinne, grand collectionneur d'art contemporain, à se presser malgré une pluie bien malvenue en cette soirée de juillet, pour découvrir en ses murs le second accrochage de l'artiste américaine Jan Dilenschneider. Le soleil est à l'intérieur - jonché d'épis mûrs par la décoratrice Amandine Vignon -, embrasant aux cimaises étangs et marécages, envahis d'herbes folles, saisis dans la lumière des quatre saisons. La paysagiste pose devant l'un de ses tableaux les moins figuratifs, et les couleurs blondes qui tournoient sur la toile étoffent sa chevelure platine, lui dessinant, l'espace d'un instant, crinière… ou auréole. Même si elle se sent désormais en famille dans la galerie qui a accueilli voici tout juste un an sa première exposition européenne, couronnée de succès, l'artiste est venue avec la sienne: son mari, Robert, puissant lobbyiste et discret mécène, francophone aux yeux doux, et ses fils, le brun Geoffrey, cheveux longs et allure wild, et le blond Peter, barbe de hipster et faux air de Brad Pitt.

                      «Elle, elle ne triche pas!»

Un jeune amateur d'art contemporain se surprend lui-même: «Ce n'est pas mon style, mais j'avoue que ça me plaît!». «Elle, elle ne triche pas!», renchérit le sculpteur Rachid Khimoune, qui s'agace de ne pas trouver le mot «tricher» en anglais, sous l'œil amusé d'Aude de Kerros et le regard approbateur du baron et de la baronne Gilles Ameil: à la tête du pôle luxe de BNP Paribas, cette dernière paraît gérer parfaitement la crise! Capucine Motte a l'impression de voir s'incarner les personnages de son roman La Vraie Vie des jolies filles. Jean-Daniel Lorieux, qui prépare une exposition à New York, semble en répétition générale et s'imagine déjà à la rentrée, rôles inversés. Une rousse arborant au poignet un bracelet calligraphié «9/11 Memorial» - hommage discret à l'artiste new-yorkaise? - voit en elle l'héritière de l'école de Crozant. Jan ne connaît pas le surprenant site qui donna du fil à retordre à Claude Monet et où Suzanne Lalique rencontra son futur époux américain Paul Haviland, fils du porcelainier américain établi à Limoges. Mais déborde d'envie d'en savoir plus… On l'embrasse comme du bon pain, un brin surprise, elle s'en amuse: «J'aime tellement les Français!»
Celle qui achète ses couleurs sur les quais parisiens et a posé son chevalet dans les plus beaux endroits du monde, de Venise à Long Island Sound où elle vit, est une héroïne de Henry James. Voire de Margaret Mitchell. N'a-t-elle pas refusé de quitter sa maison-atelier lors de l'ouragan Sandy, qui l'a laissée aussi dévastée que sa propriété? Elle s'est reconstruite grâce à la peinture. Une thérapie et une prise de conscience. Aujourd'hui, elle se bat pour la bourse qu'elle vient de lancer en faveur de talents privés de liberté artistique dans leurs pays en proie à l'instabilité politique. Et aussi pour sa planète : le titre de son exposition, comme la nature, féconde et généreuse qu'elle y exalte, sonne comme un manifeste: «Nous vivons dans un monde splendide, que faisons-nous pour le protéger?»
Jusqu'au 2 août, Galerie Pierre-Alain Challier, 8, rue Debelleyme, (Paris IIIe).





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